LA REGLEMENTATION ENVIRONNEMENTALE 2020
Quelles seront les conséquences de la nouvelle réglementation environnementale de la construction neuve en termes de performance énergétique, de type de chauffage ou encore de matériaux ? Les premières tendances se dessinent malgré des détails en attente.
Le facteur carbone va privilégier le bois dans la construction neuve
Voilà plusieurs années que le monde du bâtiment s'entraîne à construire plus sobre à travers l'expérimentation E+C-. Cette RE 2020 entrera en vigueur progressivement à partir de l'été 2021.
Il reste en effet à acter certains critères techniques dans le cadre d'une concertation prévue début décembre. Des détails qui influenceront la mise en œuvre de cette RE 2020 et, par conséquent, les performances réelles des nouvelles constructions.
Des bâtiments conçus pour moins consommer
Si le moteur de calcul de la performance énergétique d'un bâtiment pour cette réglementation thermique n'évoluera pas beaucoup, les indicateurs qu'il intègre, eux, ont changé. Première nouveauté, un indicateur des besoins bioclimatiques (Bbio) renforcé. Déjà existant dans la RT 2012, cet indicateur représente les besoins énergétiques intrinsèques au bâtiment sans chauffage. Ce Bbio va devoir être réduit de 30 % pour les constructions neuves. Les nouveaux bâtiments pourraient donc consommer 30 % d'énergie en moins que ceux actuels.
Le confort d'été pris en compte
Un deuxième indicateur évolue lui aussi : le CEP ou consommation conventionnelle d'énergie primaire du projet. Il porte sur les consommations de chauffage, de refroidissement, d'éclairage, de production d'eau chaude sanitaire et d'auxiliaires (pompes et ventilateurs). Là aussi, les besoins de froid y seront intégrés sous la forme d'un nouvel indicateur exprimé en degré.heure (DH).
Sur la base d'un scénario météo similaire à la canicule de 2003, cet indicateur de confort d'été sera calculé lors de la conception du bâtiment. La RE2020 fixera un seuil haut maximal de 1 250 DH qu'il sera interdit de dépasser, ce qui correspondrait à une période de 25 jours durant laquelle le logement serait continument à 30 °C le jour et 28 °C la nuit. Ce seuil sera le même partout en France. Parallèlement, la RE2020 fixera un seuil bas à 350 DH, à partir duquel des pénalités s'appliqueront dans le calcul de la performance énergétique. Autrement dit, sous les 350 DH, un bâtiment n'a pas besoin de système de refroidissement actif pour respecter les conditions de température. Au-dessus de 350 DH, il en a besoin, ce qui pénalise sa consommation d'énergie. Au-dessus de 1250, le bâtiment n'est pas réglementaire.
Chauffage : haro sur le gaz naturel
Même si les besoins énergétiques seront réduits, ils ne seront jamais nuls ne serait-ce que pour l'éclairage, la ventilation, le chauffage ou la climatisation. Pour orienter les choix technologiques, le Gouvernement introduit un seuil maximum d'émissions de carbone. Un choix politique qui vise clairement à sortir le gaz et le fioul des constructions neuves. L'enjeu est de cesser d'utiliser des énergies fossiles dans les bâtiments neufs, alors qu'aujourd'hui encore les logements au gaz sont majoritaires en constructions neuves .
En maison individuelle, le seuil sera fixé à 4 kgCO2/m2/an dès l'entrée en vigueur de la RE2020 à l'été prochain et exclura de fait des systèmes utilisant exclusivement du gaz. En logement collectif, la transition sera progressive entre 2021 et 2024. Aussi, le seuil sera d'abord fixé à 14 kgCO2/an/m2, lais¬sant encore la possibilité d'installer du chauffage au gaz à condition que les loge¬ments soient très performants énergétique¬ment. Ensuite, dès 2024, le seuil sera ramené à 6 kgCO2/m2/an, excluant de fait le chauf¬fage exclusivement au gaz.
Choix constructifs : place nette pour le biosourcé et une ambition carbone progressive.
la RE2020 va faire en sorte qu’à l’horizon 2030, l’usage du bois et des matériaux biosourcés quasi-systématique y compris en structure gros œuvre dans les maisons individuelles et le petit collectif, devienne une réalité. Les pouvoirs publics confirment également que l’analyse du cycle de vie dynamique sera choisie ( plutôt que statique) pour attribuer un poids plus fort au carbone qui est émis aujourd’hui qu’au carbone qui sera émis plus tard, ceci favorisant naturellement les matériaux qui stockent du carbone, comme le bois.
Sur la base de l'indicateur de carbone en cycle de vie, mesuré en kgCO2/m2 de surface de logement, la RE2020 fixera des exigences compatibles avec la stratégie nationale bas-carbone (SNBC). Il s'agit de diminuer les émissions des secteurs industriels d'au moins 30 % en 2030 par rapport à 2013.
Faut-il comprendre que le béton classique ou encore le métal se verraient quasiment chassés du marché de la maison individuelle et verraient leurs parts de marché dans le collectif largement entamées ? Le ministère de la Transition Ecologique répond que cette règlementation fixe des exigences de résultat, pas de moyen. Il serait ainsi possible à des matériaux non-biosourcés de maintenir une part de marché en collectif, à condition de faire la part belle à l’innovation pour diminuer leur empreinte carbone.
Du côté des surcoûts, le ministère estime qu’ils vont représenter entre 3 et 4 % des coûts de construction ( pas plus de 10 % du coût actuel à l’horizon 2030).
Notons que la part de la construction en bois en France ne représente que 11 % des constructions alors qu’aux Etats-Unis, Canada, pays scandinaves, les constructions en bois atteignent 90 %. Il est difficile de faire changer les mentalités et les aprioris sur le bois mais la RE2020 peut y contribuer si elle est assortie de mesures incitatives fortes.
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